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Mes premiers pas en Holacratie avec Pauline #8

Mes premiers pas en Holacratie avec Pauline #8

Le 

17

 

DÉCEMBRE

 

2025

 • Par 

Soizic Thiébaud

Pour son dixième anniversaire, HappyWork donne la parole à dix personnes ayant récemment intégrés une organisation auto gouvernée.

Peux-tu me présenter ton parcours et ce qui t’a amenée chez Novintiss ? 

Initialement, je viens du monde de la couture : j’ai fait des études puis j’ai travaillé dans des maisons de couture à Paris. Par la suite, j’ai complètement changé de vie au moment de mon premier enfant. J’ai lancé ma propre entreprise puis je me suis tournée vers un poste d’acheteuse, dans la distribution d’articles d’extérieur et de jeux. 

Puis j’ai voulu changer de société, et je suis tombée sur Novintiss un peu par hasard il y a trois ans. J’ai été attirée par leur façon d’aborder l’entreprise. À l’époque, on parlait beaucoup de flexibilité, de hiérarchie horizontale. L’Holacratie n’était pas encore en place, mais il y avait déjà une attitude différente par rapport à une entreprise classique. Ça m’a beaucoup plu, et j’ai rapidement adhéré à cette façon de donner confiance aux gens. Je me suis sentie très bien, très vite : bien accueillie, bien entourée, bien formée. Et ensuite l’Holacratie est arrivée, il y a un an environ.

Comment s’est passée la période de formation à l’Holacratie chez Novintiss ? 

Comme l’humain a une place importante chez Novintiss, Boris (dirigeant) accompagné de Jade (responsable communication), se sont questionnés sur la façon d’organiser l’opérationnel et la vie au sein de l’entreprise. L’idée était de donner un cadre, parce qu’il n’y en avait pas ou très peu.

Boris et Jade se sont d’abord intéressés à l’Holacratie en participant à une formation découverte avec HappyWork. Ils sont revenus très enthousiastes, avec l’envie de partager cet apprentissage. Ils ont commencé à le diffuser dans un petit groupe dont je faisais partie : sept ou huit collègues ont découvert le modèle à leur tour, avec les séances d’initiation Apifruits.

De là est née l’envie de le diffuser partout. On a créé un rôle et un cercle pour pouvoir commencer à travailler dessus. Ensuite, on s’est formé à l’essentiel et à la facilitation. Aujourd’hui, tout le monde est dedans.

Comment l’Holacratie a été accueillie au sein de Novintiss ? 

Comme toute chose nouvelle : avec un peu de réticence. Il y avait la crainte qu’on mette en place plein de choses en même temps. Certains pensaient que ça ne durerait pas, d’autres se demandaient si cela allait vraiment fonctionner.

Ça a été difficile au début, mais à force d’expérimenter, et grâce au petit groupe de départ qui était solide et restait un point de référence, les gens ont commencé à venir nous voir pour demander comment faire, comment organiser une réunion de triage, où poser telle information, etc.

Cet accompagnement a rassuré. Les gens ont apprécié le cadre créé par l’Holacratie : un endroit où tout est suivi, où les réunions sont récurrentes, et où les choses avancent. Les premières réunions de triage ont été faites lors de la réunion commerciale hebdomadaire, qui était la seule réunion récurrente avec tous les commerciaux de France. En testant l’Holacratie dans ce cadre, les collaborateurs ont vu l’intérêt !

Holaspirit a aussi aidé à matérialiser les rôles. Ça a pris du temps et c’était compliqué au début de rendre les rôles fidèles à la réalité plutôt que de coder ce vers quoi on espérait aller. Mais le logiciel a structuré tout ça.

Qu’est-ce qui t’a le plus surprise quand tu as découvert l’Holacratie ?

Le fait que derrière chaque tension, il y avait une action possible : une réunion ad hoc, un projet long terme, quelque chose de concret avec un suivi. Ça apportait du cadre, ce qui nous manquait d’un point de vue opérationnel. Et puis la prise de responsabilité : chacun savait quoi faire, à quel moment, etc. C’était très structurant.

Combien de rôles as-tu ?

J’ai douze rôles, en comptant un rôle de facilitatrice et un rôle de secrétaire. 

Ça a été une vraie trouvaille. J’ai adoré faciliter. J’ai été la première facilitatrice du fameux groupe de la réunion commerciale, parce que j’ai tout de suite adhéré à l’Holacratie et ai trouvé que ça nous apportait beaucoup. J’avais déjà une appétence pour l’animation, donc j’ai trouvé ça chouette.

Et puis j’aime bien “gratter” dans le logiciel, comprendre comment ça fonctionne. Le rôle de secrétaire aussi m’a plu : c’est agréable de creuser les possibilités d’Holaspirit.

D’après toi, quelles doivent être les principales qualités d’un facilitateur ?

L’écoute de ce qui se passe. C’est un peu le chef d’orchestre : celui qui a les règles et qui doit faire en sorte que le jeu se déroule selon ces mêmes règles.

Quel est le plus gros malentendu qui subsiste autour de l’Holacratie ?

On avait un collaborateur qui s’était renseigné et qui était inquiet avant même d’y entrer. Il avait peur qu’on “robotise” les gens avec les rôles. Que ça déshumanise. Ça m’a un peu influencée au début, parce que c’était sa première réaction.

En me penchant vraiment sur le sujet, je ne le vois pas du tout comme ça. Pour moi, les rôles permettent de rendre les gens responsables, dans le bon sens : clarifier qui fait quoi, légitimer les personnes dans leurs missions. Tout est modulable, réécrit en fonction de la réalité. Il ne faut pas avoir peur d’écrire quelque chose : si ça ne marche pas, on le réécrit. C’est très simple.

Comment expliquerais-tu l’Holacratie à quelqu’un qui n’en a jamais entendu parler ?

Je dirais que c’est un grand jeu de société où les règles s’écrivent au fur et à mesure qu’on joue. Chaque personne a un ou plusieurs rôles, et les fait évoluer au fil de la partie. 

As-tu le sentiment d’avoir plus de responsabilités depuis l’arrivée de l’Holacratie ? Est-ce qu’il y a un avant/après ?

Je n’ai pas le sentiment d’avoir plus de responsabilités mais plus de légitimité. Les rôles étant écrits, j’ai la légitimité de prendre ma place sur différents domaines où je n’étais pas forcément attendue. Ma fiche de poste ne l’indiquait pas, mais l’Holacratie, elle, me donne cette souplesse.

Notamment sur l’aspect humain. Par exemple, dans le cadre d’un rôle référent, les gens viennent me voir pour poser des questions. Je me sens plus légitime parce que c’est clair.

C’est une responsabilité positive : écrire les choses pour que rien ne soit laissé de côté, être adultes les uns avec les autres, sans faux-semblants. J’aime ce côté cash que permet l’Holacratie.

Si tu avais une baguette magique pour rendre l’Holacratie encore plus fluide, que mettrais-tu en place ?

Ce ne serait pas sur l’Holacratie en elle-même, mais sur les peurs de mes collègues. Je voudrais leur enlever leurs craintes, pour qu’ils osent plonger et tester vraiment. Qu’on puisse tous jouer au même jeu, en même temps, et pleinement. Ne pas avoir peur du cadre, parce que bien qu’il puisse sembler impressionnant, il offre une vraie liberté. Par exemple, si une réunion doit sauter, elle saute. Il faut que chacun s’autorise à vivre l’Holacratie comme il le souhaite, sans penser que les règles vont lui compliquer la vie.

Y a-t-il un jargon ou un rituel holacratique que tu utilises dans ta vie personnelle ?

Oui : les inclusions. Le fait de donner le ton en début d’échange. De dire comment je me sens avant d’entrer dans un “cercle”, qu’il soit professionnel, amical ou familial. Je le fais avec mes enfants. Ça les aide à comprendre. Ça rejoint l’éducation positive : exprimer ses émotions, dire où on en est pour que tout le monde soit au même niveau.

Photo formation Holacracy HappyWork
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