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Mes premiers pas en Holacratie avec Antoine #6

Mes premiers pas en Holacratie avec Antoine #6

Le 

01

 

DÉCEMBRE

 

2025

 • Par 

Soizic Thiébaud

Pour son dixième anniversaire, HappyWork donne la parole à dix personnes ayant récemment intégrés une organisation auto gouvernée.

Peux-tu me présenter ton parcours en quelques mots ?

J’ai d’abord fait des études d’économie à l’ENS (École Normale Supérieure). Je me suis vite aperçu que je n’avais pas vocation à devenir chercheur, donc j’ai poursuivi par un Master à AgroParisTech spécialisé en économie de l’environnement. Suite aux différents stages que j’ai réalisés, j’ai souhaité intégrer un cabinet de conseil en numérique responsable, et je suis tombé par hasard sur une offre de Suricats Consulting. J’ai intégré le cabinet pour mon stage de fin d’études en avril 2024, puis j’ai signé un CDI il y a à peu près un an !

Je suis actuellement consultant, majoritairement sur des sujets RSE et data, le plus souvent en appui de consultants séniors de l'entreprise.

Avais-tu déjà entendu parler de l’Holacratie ?

Pas du tout ! J’ai découvert l’Holacratie lors de la préparation de mon entretien. Ça m’a paru relativement flou lors de mes premières recherches. 

Peu de temps après mon intégration, je me suis fait la réflexion qu’il y avait un monde entre l’image que je m’en faisais, et ce que j’ai vraiment appris sur le terrain. Avant, je percevais l’Holacratie comme quelque chose de très flou : les cercles, les rôles, la structure. Je pensais que c’était des principes globaux intéressant sur le papier mais qu’on utilisait peu. Or chez Suricats, c’est ce qui structure la vie de l’entreprise. C’est encore plus profond et structurant que je l’imaginais.

Comment penses-tu que les personnes extérieures perçoivent l’Holacratie ?

Je pense que ce qui surprend le plus, c’est de se dire que les patrons de l’entreprise font partie intégrante du processus. Le quiproquo qui peut exister c’est de penser que le fonctionnement en cercle n’est valable que pour les salariés. C’est parfois dur pour certains d’imaginer cela. Ce n’est pas le patron qui est systématiquement leader de cercle.

Qu’est-ce que tu as le plus surpris quand tu as expérimenté l’Holacratie ?

Les rituels. Les procédures. Le fait que ce soit très cadré.

Puisque l’Holacratie est un modèle qui offre beaucoup de liberté, qui donne la parole à tout le monde, et la possibilité de s’investir sur tout un tas de sujets, je m’étais imaginé une structure très libre, où chacun peut prendre ses initiatives de son côté. Et finalement, je me suis rendu compte que la structure c’est ce qui fait la base de l’Holacratie : on a des réunions de triage, de gouvernance, on respecte les temps de parole des autres, on soumet ses tensions. C’est ça qui m’a vraiment étonné. Je trouve ça très positif, mais je ne m’y attendais pas !

Le vocabulaire également. J’avais réalisé mes précédents stages dans des institutions publiques, donc tout ce nouveau vocabulaire m’a beaucoup surpris puisque je n’y étais pas habitué. Le terme de tension notamment, qui n’en est pas une au sens propre du terme. Distinguer les réunions de triage et de gouvernance. La notion de rôle. Les secrétaires. Les facilitateurs. C’était un vrai bouleversement dans mon expérience professionnelle. Au début j’étais un peu perdu, mais ça a été un beau challenge !

Et justement, as-tu des rôles ?  

Actuellement, j’ai deux rôles.

Un rôle « développement expertise » dans le cercle transformation positive : développer les offres de RSE.

Et un rôle « mère nature » dans le cercle opération et engagement : constituer le bilan carbone de l’entreprise.

Cette question m’a fait retourner dans mon holarchie pour vérifier mes propos. Ça me fait réaliser que j’adore le cadre qu’offre l’Holacratie, mais je ne suis pas encore assez investi dedans justement. Parfois je joue en solitaire avec mes propres règles, et forcément ça a ses limites.

 

Comment expliques-tu cette limite ?

Je pense que mon arrivée récente justifie (pas entièrement évidemment) que certains mécanismes ne soient pas encore adoptés. Ceci couplé à mon activité de consultant, pour laquelle je passe la majeure partie de mon temps de travail au contact du client, et donc pas dans une approche en Holacratie. Je pourrais évidemment insuffler quelques notions de gouvernance partagée, mais j’avoue que mon statut junior me fait me concentrer sur ma mission en priorité. Je n’ose pas imposer trop de cadre et de structure pour l’instant. Quand j’aurai acquis de l’expérience, je me permettrai de prendre plus d’initiatives.

Je connais les grands principes, mais si demain j’étais amené à être facilitateur lors d’une réunion, je ne serai pas le plus fluide. Mais j’accepterais volontiers de l’être pour me confronter au terrain.

Mon prochain objectif est de m’investir encore plus dans l’Holacratie, car je crois vraiment en cette pratique ! Je pense que je m’en fais une montagne, que l’adoption de la méthode sera énergivore, et donc je ne prends pas suffisamment le temps de me pencher dessus.

 

Quels types d’initiatives mettrais-tu en place chez tes clients ?

Je pense que je mettrais l’accent sur la décomposition des temps de réunion. Souvent chez le client, on ne respecte pas les timings, ni l’objet initial de la réunion. Je pense qu’en insufflant un fonctionnement en Holacratie avec des temps pour exposer ses tensions, des temps pour parler des projets en cours et des temps d’échanges, ça pourrait améliorer nettement les réunions. Je n’ai pas toujours le contrôle, et ça part parfois dans tous les sens ! 

As-tu davantage de responsabilités grâce au modèle de gouvernance partagée ?

Complètement ! C’est le gros point que je mettrais en avant sur l’Holacratie. Chez Suricats on véhicule de très belles valeurs : l’humain, la cohésion, le travail d’équipe. Je pense que l’Holacratie structure ces valeurs et les met en avant. C’est ce qui fait que je me sens autant épanoui : si demain je souhaite m’investir sur un sujet, participer aux processus de décision, avoir un impact sur l’entreprise, je peux. On a beaucoup de responsabilités, et le luxe c’est qu’on peut les choisir !

 

Si l’Holacratie était un personnage de fiction, qui serait-ce et pourquoi ?

Rafiki dans le Roi Lion. L’Holacratie c’est le concept un peu cool comme Rafiki, qui t’ouvre les yeux sur un autre champ des possibles. Simba sans Rafiki il ne change pas sa mentalité et ne s’ouvre pas à de nouveaux horizons. Et en même temps Rafiki c’est celui qui peut mettre des coups de bâtons pour te réveiller ! C’est vrai qu’en Holacratie quand on ne respecte pas les règles, on a des petits rappels à l’ordre.

Si tu avais une baguette magique, que mettrais-tu en place pour rendre l’Holacratie encore plus fluide ?

La première chose qui me vient, sans parler de super pouvoir, ce serait d’avoir un écran virtuel dans mon champ de vision lors des réunions – un peu comme dans le casque d’Iron Man – qui mettrait en avant un script qui s’actualise en permanence pour me guider lors des réunions, m’indiquer quel comportement adopter, ce qu’on attend des autres. Parfois je ne sais pas si c’est le bon moment pour exposer un point. Ça me permettrait d’être encore plus fluide. Évidemment, chacun aurait son petit écran !

Photo formation Holacracy HappyWork
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